Musées, galeries d’art, opéras, théâtres, … Ces noms appartenant à une classe d’actif très méconnue par les investisseurs immobiliers marocains mais qui pourraient bientôt devenir le fer de lance des futurs programmes de développement urbain. Durant les 10 dernières années, le centre commercial a été considéré comme le petit « chouchou » des investisseurs. Grâce à son offre riche combinant surfaces commerciales et espaces d’animations, il a su occuper une grande place au cœur des projets de développement. Il a aussi permis aux investisseurs d’engendrer une réelle valeur ajoutée, en vendant « mieux » et « vite ». Aujourd’hui, cette offre commerciale ne peut plus occuper la même place au sein des projets urbains. La conjoncture économique et l’évolution de la culture des consommateurs poussent les investisseurs à la différenciation et à l’innovation.

La classe d’actif culturelle pourrait devenir le nouveau levier de valorisation des centralités urbaines. Par l’édification d’immeuble « iconique » au sein de projets immobiliers, on ne parlera plus de lieux mais de destinations. Chacun pourra s’y retrouver : le touriste pour découvrir, le chaland pour consommer, le cadre pour travailler ou le résident pour habiter. La création de ces nouvelles destinations au sein des villes permettra aussi le renforcement de leur attractivité touristique et d’enrichir l’offre culturelle actuelle qui comprend principalement des circuits autour des monuments historiques. L’intégration de cette offre culturelle sera aussi bénéfique et complémentaire à l’offre commerciale, les actifs culturels « nouvelle génération » pourront se positionner en locomotive. Ils permettront de créer et de distribuer un flux de consommateurs important sur les différentes composantes de l’environnement.

La construction de ces immeubles « icônes » n’est pas une fin en soi. Le dimensionnement de l’offre culturelle, son positionnement et sa cohérence avec l’environnement immédiat du projet restent les garants de sa réussite. Le choix des programmes et des activités est donc stratégique et doit faire l’objet d’avis des experts.

L’intégration des composantes culturelles n’est pas sans difficulté. Les questions autour du modèle économique des actifs culturels et de leurs équilibres financiers restent aux cœurs des débats. Afin de se libérer du modèle classique de la « subvention », un accompagnement par les pouvoirs publics s’avère évident, notamment, par une fiscalité immobilière pour la « culture » et une politique foncière encourageante. La création de modèle économique « hybride » pourrait constituer une bonne alternative, ces modèles consistent en l’intégration de services tiers à forte valeur ajoutée (corner pour designers, boutiques d’arts, salle de cinéma, sponsoring publicitaire, etc.). Cette offre dédiée aux « consommateurs » devrait s’intégrer de manière à ne pas transformer le lieu en espace commercial.
Faire un pari sur la classe d’actif culturelle pourrait sembler fou compte tenu des investissements potentiels et en des expériences antérieures basées sur le modèle économique classique, cependant, grâce à un dimensionnement adéquat, une programmation cohérente et créative, un accompagnement engagé des politiques publics et une innovation du modèle économique, l’actif culturel pourrait s’imposer comme le nouveau levier de création de valeur immobilière au Maroc.